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La tyrannie infantile exercée sur les parents et l’entourage par des enfants ou des adolescents figure parmi les derniers tabous de la société contemporaine. Comment expliquer cette maltraitance psychologique parfois physique des cadets à l’égard de leurs aînés? En l’espace de trois générations, les enfants sont passés du statut de vassal à celui de roi. Ils cristallisent aujourd’hui une affection débordante qui appelle à un véritable sacrifice des parents.
Et pourtant, dans sa pratique de psychothérapeute et de superviseur, le Dr Philip D. Jaffé rencontre beaucoup de parents désillusionnés par l’attitude de leur enfant, non conforme à leur idéal initial. Ces familles, soucieuses de comprendre et de corriger les dysfonctionnements de leur progéniture, se sentent souvent coupables d’être de « mauvais parents ». Mais il n’y a pas de fatalité. Il existe des moyens éprouvés de reconstituer un lien intergénérationnel rompu ou nocif.
La Fondation Relais Enfants Parents Romands (REPR) a mis en ligne le Guide REPR des Prisons pour les familles dont un proche est en détention.
Une quinzaine d’établissements pénitentiaires romands ont désormais leur fiche signalétique très complète (liste des établissements). Vous y trouverez notamment des informations pratiques sur les visites, avec les horaires et les conditions spéciales réservées aux enfants ; les possibilités de contacts téléphoniques et par internet, les modalités d’envoi de courriers et de colis ; mais aussi les possibilités de travail et de formation, les coordonnées des services médicaux, sociaux ou spirituels, ainsi que l'accès en transports publics ou en voiture, à chaque lieu de détention.
Une quinzaine d'établissements pénitentiaires romands y figurent et ce nombre va croître au fil du temps... N'hésitez pas à revenir le consulter afin d'y découvrir de nouveaux établissements.
Libre à vous de le lire sur votre ordinateur, votre téléphone portable ou votre tablette. Vous pouvez également télécharger (et imprimer) une fiche au format PDF. Elles comptent en général 10-12 pages.
REPR espère que ce guide permette aux personnes touchées par la détention d'un proche en Suisse romande de mieux appréhender le monde de la prison.
Roger Gil est neuropsychiatre et a été doyen de la Faculté de médecine de Poitiers. Il est engagé de longue date dans le domaine de la bioéthique, dont il a introduit l’enseignement dans son université, y compris en sciences politiques. Il publie cet ouvrage très fourni et complet en se référant régulièrement aux valeurs françaises dites républicaines mais en accordant un intérêt réitéré aux options théoriques et pratiques dans d’autres pays et contextes socio-culturels.
A côté de thèmes qu’on peut dire classiques, notamment les enjeux éthiques des greffes d’organes, de la vie commençante (y compris procréation assistée) et finissante, il se penche aussi sur la problématique des coûts de santé et de leur régulation, la médecine prédictive, les soins sous contrainte, le pacte d’Ulysse à propos de directives anticipées en psychiatrie (Ulysse qui ordonne à ses compagnons, dont il y a bouché les oreilles, de l’attacher au mât et de ne lui obéir en aucun cas quand il entendra le chant des sirènes), la laïcité ou le transhumanisme.
Respect de la vie, éthique. Si la vie humaine est une valeur républicaine, son respect comporte des exceptions dont certaines sont universelles et d’autres variables d’un pays à l’autre : ainsi pour la peine de mort, le statut de l’interruption de grossesse ou les soins et démarches en fin de vie. Sur ce dernier sujet : « Les réponses de la République ont été les soins palliatifs, la règle du double effet, le droit à la sédation profonde jusqu’à la mort. D’autres pays ont choisi la voie du suicide assisté et de l’euthanasie. Mais le respect est rassemblé dans les relations interhumaines dans deux principes. Le premier, minimal et universel, est celui de non-malfaisance ; le second, optionnel, est celui de bienfaisance. » Une remarque générale : « Le monde de la santé doit, à l’image de la société, éviter l’écueil d’une éthique maximaliste, où la bienfaisance dériverait vers le paternalisme, et celui d’une éthique minimaliste qui se satisferait de la seule non-nuisance à autrui. »
Soins palliatifs et aide à mourir. Gil insiste à juste titre sur l’importance des soins palliatifs, tout en montrant une vraie crainte que l’introduction éventuelle d’assistances à mourir se fasse au détriment de leur développement. « La légalisation d’une aide active à mourir introduirait une culture euthanasique à contre-courant de la culture palliative. Car il ne s’agira pas de limiter l’euthanasie aux échecs des soins palliatifs mais d’instituer, au nom de l’autonomie, un nouveau droit ». C’est là un postulat de sa part, regrettable, avec lequel il convient de diverger au vu des expériences faites ailleurs. En effet, même si les palliatologues ne sont pas unanimes et si certains craignent vivement des « pentes glissantes » vers l’euthanasie, la tendance s’affirme qui montre que soins palliatifs et aide à mourir ne sont pas antagonistes - voir notamment les travaux de G.D. Borasio, de Lausanne (ndlr Lire cette réflexion sur son dernier livre). En France, le Dr Véronique Fournier (ndlr Lire cette recension de «La mort est-elle un droit») montre que médecine palliative et, par exemple, sédation terminale peuvent être complémentaires, devenant des « soins palliatifs intégraux », et contribuer à une meilleure prise en charge.
Procréation médicalement assistée. Gil parle de « confusion française », évoquant par exemple la paternité post-mortem ou la pénurie d’ovocytes. Sur la question de plus en plus aiguë de l’accès à ses origines, la France maintient pour l’instant l’accouchement sous X et l’anonymat des donneurs. Gil : « En matière de bioéthique, la France n’en est pas à un paradoxe près […] la question posée à la conscience de chacun est de savoir si l’accès aux origines doit ou non être considéré comme un droit fondamental et s’il est acceptable que la République détienne des renseignements sur des citoyens et refuse de les leur communiquer. » A noter aussi la présentation de la saga des débats récents autour de la GPA, ou grossesse pour autrui, en France.
Spiritualité et laïcité. « La spiritualité ne menace pas la laïcité puisqu’elle renvoie à la liberté de pensée dont se porte garant l’Etat. La dimension spirituelle est constitutive de l’humain et l’attention à la spiritualité est une nécessité éthique. Encore ne faut-il pas se méprendre sur les missions des professions de la santé et pointer le danger d’un amateurisme relationnel. Le soignant n’est pas un directeur spirituel. Sa mission est de permettre aux besoins spirituels de s’exprimer et à la personne malade, si elle le souhaite, d’accéder à un aumônier. »
Les valeurs. « La méditation sur les valeurs impose à chacun de se sentir comptable d’une humanité angoissée par sa finitude, tourmentée par le mal commis et par le mal subi et qui, dans le clair-obscur des parcours de vie, doit tenter de ne pas céder aux mirages. »
Les grandes questions de bioéthique est un ouvrage très complet, richement informé et argumenté, équilibré, de lecture aisée.
Par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
La procréation médicalement assistée (PMA) est une épopée médico-psycho-socio-juridico-éthique. Dans un sens socio-historique, j’évoque ici des questions soulevées lors d’un Colloque à l’Institut suisse de droit comparé de Lausanne, en 1985, auquel j’avais participé. Il réunissait un groupe interdisciplinaire (majorité de juristes toutefois) de 120 participants et a donné lieu à une publication (ci-dessus) que je viens de retrouver récemment dans ma bibliothèque et que j’ai relue. Je fais référence et donne des extraits en particulier à la contribution de la psychiatre zurichoise C. Ernst.
Critères de refus. « La question est relativement urgente de savoir si nous disposons de suffisamment de données scientifiques pour diviser les couples infertiles entre ceux qui élèveront un enfant raisonnablement normal et ceux qui ne pourraient le faire. Il faudrait des études longitudinales adéquates et il n’est guère nécessaire de relever que de telles études n’existent pas et n’existeront peut-être jamais. » Problématique qui reste pour une bonne part inchangée.
« Que savons-nous des facteurs de risque parentaux ? Les risques au détriment de l’enfant sont une discorde parentale durable et une irritabilité et hostilité vis-à-vis de l’enfant (par exemple alcoolisme, personnalité antisociale, trouble mental). En présence de ces risques, il est justifié de refuser un traitement. Au reste, il est peu probable qu’une dépendance alcoolique ou une personnalité pathologique n’attire pas l’attention au cours d’une assez longue prise en charge, et il n’est pas essentiel d’employer un team de psychologues, psychiatres et travailleurs sociaux pour diagnostiquer des situations plutôt claires (clear-cut). » L’auteure émet des réserves à l’endroit d’évaluations trop fréquentes du registre psy au vu d’une « importante zone grise de traits psychologiques (chez les parents) dont la pertinence pour l’éducation des enfants est inconnue ».
« Nos connaissances sur le futur d’un éventuel enfant sont si incertaines. » L’auteure (rappelons-le, c’était en 1985) fait référence à plusieurs études montrant que le devenir d’enfants nés après insémination artificielle par donneur (IAD) se développent favorablement. Nous en savons plus aujourd’hui et les travaux scientifiques vont dans le même sens.
Anonymat des donneurs. C. Ernst fait référence à un Rapport Benda de 1985, en Allemagne, proposant que l’identité du donneur soit révélée. Elle n’est pas d’accord : « Le postulat selon lequel une personne qui ne connaît pas ses parents biologiques est à plus haut risque ne peut pas être soutenu, au vu des suivis d’enfants adoptés. » Elle est réservée vis-à-vis d’une loi anglaise de 1975 disposant que les adoptés aient accès à leurs certificats de naissance à l’âge de 18 ans. A propos de PMA : « Fixer par la loi un tel accès transformerait toute la situation des couples infertiles et des donneurs (…) Pas de raison d’attendre que ce changement serait une amélioration. L’allégation en Suède que cela mènerait à de ‘meilleurs donneurs’ est à ce stade hypothétique. » Le professeur belge R. Dierkens sur la situation dans son pays : « L‘obligation du secret médical existe. Le donneur ne sera jamais informé du devenir de son sperme, la personne qui le reçoit ni l’enfant conçu ne connaîtront jamais le donneur. Ce point de vue est unanimement accepté par la déontologie médicale et la doctrine juridique » à cette époque (!?).
O tempora, o mores… De plus en plus, l’accès à ces données est assuré. La France, qui maintient l’anonymat, est bien isolée, et contestée. En vérité, si je suis aujourd’hui opposé à l’anonymat, je m’étais exprimé en sa faveur à l’époque… en raison de craintes de déstabilisation psychologique des personnes qui se sont avérées infondées.
lnsémination d’une femme veuve. C. Ernst, assez catégorique, se prononce sur l’usage de sperme après le décès du mari-donneur : « On doit constater un usage inadéquat d’arguments psychologiques contre la fécondation d’une veuve. Le Rapport Warnock britannique de 1984, remarquable par ailleurs, ne l’accepte pas. Pourtant, nous avons beaucoup de données épidémiologiques montrant que le fait d’être orphelin n’est pas un facteur de risque alors que celui de grandir dans un foyer brisé par le divorce en est un considérable. »
Ce sont là des exemples. Intéressant de voir les évolutions. Sur certains points (comme l’usage de sperme ou d’embryons post mortem), les positions sont restées majoritairement réservées ou négatives. Alors que, avec l’accent mis sur le droit de connaître ses origines, l’anonymat est de moins en moins accepté. En général, on a vécu une tendance claire à l’assouplissement et à l’élargissement des conditions d’accès à la PMA.
Aide-soignante, préposée aux bénéficiaires, auxiliaire polyvalente ou encore accompagnatrice à domicile sont autant de métiers, le plus souvent au féminin, mal connus, effacés, parfois oubliés, jouant pourtant un rôle essentiel dans le soutien des personnes atteintes de handicaps, âgées, malades ou mourantes. Leur contribution est essentielle au maintien de la dignité de ces personnes.
Cet ouvrage a pour ambition de mieux comprendre ces métiers, en prêtant une attention aux collectifs de travail, à la nature des tâches, aux apprentissages et aux conditions de leur réalisation, aux multiples « arts de faire » dans l’accompagnement et les soins au sein d’univers très contraints. Au travers de ces métiers, sur lesquels il invite à jeter un regard différent, l’ouvrage cherche également à mieux saisir les transformations des dispositifs sociosanitaires dans différents pays (Belgique, France, Suisse, Québec), les divers établissements de soins et secteurs (soins aux personnes âgées, soins palliatifs, soins à domicile) dans lesquels évoluent ces travailleuses et travailleurs.
Le Dr Danthe a été médecin de famille à Vallorbe, dans le Jura vaudois, durant trente-cinq ans. Il a toujours été intéressé par la réflexion et l’écriture. A sa retraite, il a repris dans son galetas sa « nécropole de papier » : cinq cents dossiers de ses patients décédés sur une patientèle de six mille personnes. Il décrit le soin particulier qu’il accordait, lors d’une mort, à la « clôture » du dossier.
« Au fond de moi, j’ai conscience d’être habité par ceux que j’ai rencontrés. Je suis tissé des autres. Les métamorphoses de la vie active ont ébranlé mes certitudes au profit de représentations qui s’accordent de manière plus souple avec mes équilibres nouveaux. C’est le souvenir des relations qui donne un sens à l’ensemble du cheminement. […] La mémoire est mouvement. Ce qui apparaissait futile a gagné en gravité. Le lourd s’est envolé. La migration de souvenirs a modifié les reliefs. La vie est transgression. Le timide a enfin osé son cri de colère, la servante s’est mise à danser [...] le prêtre est tombé amoureux. On contemple, on s’étonne, on doute. » Et l’auteur de préciser : « J’ai mis quelques dizaines d’années pour apprendre à m’émerveiller des ressources des personnes et à me débarrasser de mon tic spirituel qui consistait à juger, à normaliser, à obéir. »
L’auteur développe des réflexions marquées par plusieurs lignes de force. D’abord son enfance dans un milieu évangélique très pratiquant. Il est aujourd’hui agnostique mais reste marqué par les Ecritures, souvent citées et commentées, ainsi que parfois le Coran. Les philosophes grecs et romains sont aussi très présents, avec ceux de Lumières et certains modernes – Trinh Xuan Thuan, Jacques Monod – mais aussi les shamanes. D’une manière qui pourra surprendre, il consacre cinq chapitres à la chose militaire : il a été lui-même officier et en parle ; il évoque aussi longuement deux patients qui ont été soldats à l’étranger et dont la trajectoire, les confidences et la vie au retour en Suisse l’ont marqué.
A propos d’une patiente : « Elle voulait mourir. La vie pour elle n’avait plus de sens. Ne voulant plus me voir, disant que j’étais inutile et que je l’empoisonnais avec mes pilules, j’ai demandé l’avis d’un psychogériatre. Elle se rendit à son cabinet [mais] revint fâchée en décrivant son ennui avec ce spécialiste qui ne lui disait rien. Elle avait protesté en lui reprochant son attitude de silence : ‘Mon docteur, lui, au moins, il me parle’. Le confrère avait répondu élégamment : ‘Il y a deux écoles’ ».
Parmi les thèmes débattus : les aléas de l’existence bien sûr, la mort et l’attitude devant elle, la mort fortuite ou imprévue, la croyance ou pas à une vie après la vie, la mort de l’animal compagnon, la dignité de la personne et le débat sur les doctrines utilitariste et déontologique. Et aussi l’amour et la perte de l’aimé, l’enfant homosexuel, le sida, une migrante bohémienne et les risques de racisme, les expériences de mort imminente. Et même des revenants rendant visite à un proche !
Un dernier chapitre évoque « les tentations messianiques » et transhumanistes pour lesquelles le Dr Danthe ne cache pas son peu d’attrait : « Deux cents ans de vie pour tous ! Sans modification de l’âge de la retraite ! » « Bienvenue sur le pont du paquebot vers un nouveau monde, celui de l’immortalité siliconée ! On est arrivé à l’immortalité pour des méduses et des vers, l’homme suivra. […] Seule la mort violente ou volontaire aura encore droit de cité [on ne mourra plus de cause naturelle]. Rien ne nous arrêtera. On disposera, à la dimension du monde, d’une médecine à deux vitesses ou trois ou cinq, avec leurs nouveaux empereurs et évêques, leurs soldats, leurs cours des miracles à géométrie variable et l’extension illimitée de leurs déserts spirituels. »
Les médecins ne sont pas rares qui prennent la plume au terme de leur carrière. L’essai (en termes de rugby) de Christian Danthe est réussi. Ouvrage bien écrit, dense, « buissonnant » comme disent les Vaudois, nourrissant par ses récits de compagnonnage du médecin avec ceux qui le consultent, chacun spécifique dans le colloque singulier. Réflexions substantielles sur l’existence humaine, lourde ou parfois légère, douloureuse ou sereine. Et, dans les dernières lignes, évoquant sa propre fin. : « Le moment venu, j’aimerais me retirer sur la pointe des pieds en disant : ‘Ce n’était pas très bien, mais c’était bien. C’était imparfait mais c’était bien’ ».
Pensant aux jeunes gens de 20 ans, naïfs à beaucoup d’égards, que lui et moi étions en entrant à la Faculté il y a un demi-siècle, pensant aussi aux étudiants d’aujourd’hui pas forcément si différents, malgré l’accès immédiat à « toutes les connaissances » par leur smartphone, j’ai envie de dire que Un rescapé de l’absolu est à recommander dans le cadre des « Medical Humanities » dont tout le monde dit la nécessité. Sans doute faut-il un peu de temps pour lire ces quelque 500 pages. Mais tentez la lecture, elle en vaut la peine !
Cette invitation à visiter un musée fictif du harcèlement de rue (MdHR) illustre la volonté de la Ville de Lausanne et de ses partenaires de voir le harcèlement de rue appartenir un jour au passé. Dans une vidéo pleine d’ironie, l’humoriste Yann Marguet sert de guide inspiré.
Cette campagne 2018 a été lancée avec l’appui d’organisations actives dans les domaines de la prévention, de la mobilité et des milieux festifs, afin que l’espace public reste un lieu accessible et accueillant pour toutes et tous.
Le Colloque thématique de CURAVIVA Suisse sur «Faire carrière en EMS» a eu lieu à Delémont le 24 avril 2018. Résumés des interventions par Camille-Angelo Aglione.
Faire carrière en EMS en format pdf
Cette journée de colloque s’est ouverte avec la projection d’un film de Curaviva réalisé auprès de soignantes en formation à l’Hôpital du Jura et à la résidence La Promenade. Ce documentaire de 15 minutes émouvant et souriant est à découvrir sur Youtube : Se former en EMS et envisager l’avenir.
Complétant le dispositif d’urgence genevois, la Maison Kelas a été officiellement inaugurée avec une chanson rap : des mots simples et forts pour raconter le parcours d’un jeune.
Située à Genthod (GE), la Maison Kelas est un foyer éducatif d'accueil d'urgence pour 8 jeunes de 7 à 18 ans de la Fondation Officielle de la Jeunesse. Sur mandat des services officiels, le placement vise l'apaisement de la crise en accompagnant et soutenant le jeune et sa famille dans leurs projets de vie.
A l'occasion de l'inauguration officielle de la maison, le 19 avril 2018, une chanson rap, «Sur mon chemin», a été diffusée en exclusivité. Le clip raconte l’histoire fictive du placement d'un jeune en foyer d'urgence avec ses différentes étapes.
Cette création artistique a été réalisée en collaboration étroite avec les professionnels de la Maison Kelas. Les images et les textes montrent la posture des éducateurs vis-à-vis des parents et des jeunes ainsi que les valeurs qui découlent du concept pédagogique.
La Communauté d’intérêt «Financement des soins» estime que des mesures urgentes s’imposent en matière de financement des soins. Des coûts sont reportés sur les cantons et communes, qui ne s’acquittent pas de toutes ces nouvelles obligations, et sur les patient·e·s.
Source : Communauté d’intérêt «Financement des soins»
Avec le nouveau financement des soins entré en vigueur le 1er janvier 2011, les assureurs maladie ainsi que les patientes et les patients ne prennent en charge qu’une partie fixe du coût des soins. Depuis lors, la croissance des coûts a été reportée unilatéralement sur les cantons ou les communes. Comme beaucoup d’entre eux ne s’acquittent pas dans une mesure suffisante de leur obligation légale relative au financement résiduel, les prestataires de soins stationnaires et ambulatoires de longue durée sont de plus en plus fréquemment confrontés à des coûts non couverts.
Au total, dans l’ensemble de la Suisse, les coûts non couverts des EMS atteignent entre 250 et 350 millions de francs par an. De nombreux établissements se retrouvent ainsi le couteau sous la gorge en raison des coûts non couverts. Ils font peser ces coûts sur leurs patientes et patients ou travaillent avec un volume de personnel insuffisant. Ils se voient forcés soit de porter atteinte à la protection tarifaire, soit de sacrifier la qualité des soins. Il en résulte un risque croissant que la qualité des soins octroyés à des personnes particulièrement vulnérables ne puisse plus être assurée de manière satisfaisante.
La Communauté d’intérêt «Financement des soins» demande que les contributions des caisses maladie soient régulièrement adaptées à l’évolution des coûts. Elle réclame aussi que les cantons s’acquittent de leur obligation et assument le financement de l’intégralité des coûts résiduels avérés. Trois modifications de l’art. 25 de la LaMal sont proposées dans ce sens. Elles sont adressées au Conseil fédéral qui doit établir un rapport pour l’été 2018 sur l’évaluation du financement des soins.
Recension par Jean Martin, médecin de santé publique et bio-éthicien
Guère besoin de rappeler la surprise, avec une dimension d’humour, qu’a été l’irruption le 4 octobre 2017, sur la scène sociétale et médiatique, du biophysicien Jacques Dubochet, nouveau prix Nobel de chimie. Six mois plus tard, il publie ce livre sur son parcours mais aussi sur les convictions et les engagements qui donnent du sens à sa vie.
La première partie de l’ouvrage, « Faire sens », réunit cinq textes de fond où il discute ce qu’il a déclaré en impromptu devant micros et caméras. Il revient sur ses engagements personnels et sociaux, y compris politiques - avec des remarques sur les notions de droite et de gauche qui ont fait froncer des sourcils. Il y parle de « bien faire», de transcendance, de science et philosophie. La seconde partie, « Tranches de vie », est constituée d’éléments sur sa vie et sa carrière - les briques peut-on dire qui ont construit son existence. Tout en suivant les développements dans son domaine, la cryo-microscopie électronique. Dans un texte « Vivre et mourir », il donne même ses Directives anticipées. La troisième partie, « De la science en miettes », comprend des notes étoffées, parfois savantes, qu’il rédigeait assidûment à l’intention de collègues et amis, un blog, sur ses lectures de revues scientifiques. Par exemple sur le dérèglement climatique - dont il parle à réitérées reprises en faisant état de son vif souci.
« J’ai écrit le présent texte parce que je rencontre tant de gens qui n’ont pas compris que bien faire n’est pas faire n’importe quoi et que bien vivre se construit sur quelques fondements incontournables. Un bon point de départ est Fais à ton prochain ce que tu voudrais qu’il te fasse.»
« Je me dis scientifique, c’est-à-dire quelqu’un qui n’a que la nature pour maître, mais la nature est si grande qu’elle me laisse là avec mes émotions, mes sentiments, qui dépassent largement ma compréhension. Je me veux aussi philosophe, sensible à ce qui me dépasse. »
Conscience, évolution. « La conscience est à mon sens la capacité d’un individu à se construire un modèle mental du monde dans lequel il peut naviguer (…) La conscience est aujourd’hui en rupture avec près de 4 milliards d’années de vie sur Terre. Jusqu’ici, l’évolution s’est déroulée selon le couple ‘variation au hasard/sélection naturelle’. Arrivent l’homme et sa capacité à agir. L’évolution biologique est écrasée par l’évolution culturelle. Alors que la première se déroulait par centaines de milliers d’années, les transformations culturelles se font maintenant par périodes de 10 ans. La mondialisation s’est installée et nous nous fourvoyons dans un changement climatique qui nous vaut d’entrer dans l’ère anthropocène. »
Le Moi et le Nous. « Comme n’importe quel organisme social, l’homme repose sur deux jambes : le Moi et le Nous. L’une est typique de la réponse immédiate, l’autre appelle les solutions à long terme […] A priori, égoïsme et altruisme se rapportent à des stratégies adaptées à différentes situations. Pourtant, dans le langage courant, ces mots ont une forte connotation morale […] Pour moi, une personne est de gauche si elle tend à favoriser les valeurs altruistes ; elle est de droite si elle met son intérêt propre en priorité. »
« Les bases de nos sociétés se transforment et souvent chancellent. Avec des défis vitaux. Laisser aller conduira à des catastrophes extraordinaires. Pour nous sauver, les solutions seront collectives ou ne seront pas. Notre société a un urgent besoin de consolider la force du Nous. » Aussi : « Il nous appartient de faire face, volteface ».
Il parle d’éthique, dont un auteur disait que c’est décider « comment faire pour bien faire ». Dubochet : « Bien faire se ramène à deux stratégies possibles : l’une est darwinienne [sélection naturelle], elle va de soi, elle poursuit aujourd’hui son écrasante efficacité. Comme la pierre qui roule vers la vallée, elle ne demande ni plan ni choix. La seconde stratégie nécessite de prendre de la distance. Elle veut étendre le moi subjectif et embrasser chacun du même regard. Elle est moderne, elle est apparue avec l’Homme et sa capacité de se faire une image complexe du monde dans laquelle il peut se voir, lui, parmi les autres. »
Retraite. Jacques Dubochet est à la retraite depuis dix ans. Cela a été tout un apprentissage. « La difficulté est que chaque jour n’a que 24 heures. Le succès d’une journée de retraité dépend de la sévérité du tri. J’essaie d’équilibrer mes quatre S, à savoir : Soi-même, Social, Science et Service.» (NB : cette retraite qui a été très vivement bousculée depuis le 4 octobre 2017 !).
Rassembler. Après avoir tenu un blog, Jacques Dubochet avait le désir de présenter ses idées et positions sous une forme « rassemblée ». Dans ce sens, « courageusement, le 27 septembre 2017, j’annonçais à mes lecteurs que je cessais la rédaction de mon blog pour tenter de me lancer dans un bouquin plus synthétique, du genre réflexions d’un vieil intellectuel. Une semaine plus tard, le 4 octobre, le Prix Nobel ! En vue du livre, quelle stimulation. L’urgence et la nécessité ont produit l’objet que vous avez dans les mains. » Il ne se laisse toutefois pas emporter : « Le Prix Nobel me donne une voix, celle de la notoriété. Je n’ai pas de respect pour la notoriété. J’ai du respect pour ceux qui essaient de vivre juste. »
Parcours est une sorte de mosaïque/kaléidoscope (un patchwork, dit l’auteur) stimulant que beaucoup voudront lire pour approcher de plus près - avec profit ! - ce scientifique atypique.
Que faire en cas de difficultés financières ? Ce guide contient de nombreux conseils pratiques et des informations qui aideront à sortir de l’impasse. Il donne un aperçu du réseau de la sécurité sociale en Suisse et fournit des précisions sur les droits de chacun·e à ces prestations.
Ndlr De nombreuses situations personnelles sont présentées dans des encadrés avec les interventions possibles et les démarches à mener.
L’ouvrage. Préface d’Elisabeth Baume-Schneider, Directrice de la Haute école de travail social et de la santé (EESP-Lausanne, HES-SO). Postface de Lukas Niederberger, Directeur de la Société suisse d’utilité publique (co-éditeur). Traduit de l’allemand par Sonja Funk-Schuler. La 3e édition allemande est parue en 2018, Beobachter Verlag.
Corinne Strebel Schlatter (diplômée en soins infirmiers et en travail social) travaille comme conseillère et rédactrice au Centre de conseil du magazine alémanique Beobachter. Elle répond à des questions ayant trait à l’aide sociale, au droit scolaire, à la protection de l’adulte, au droit de la famille et de l’enfant. Parallèlement, elle s’engage en tant que présidente d’une commission scolaire.
Une grande part du travail de prise en charge des personnes âgées est assurée par les proches, les amis, les voisins et les bénévoles. L’ampleur de cette aide gratuite va diminuer en Suisse. La société devra à l’avenir intensifier les offres de prises en charge par des tiers, les rendre accessibles et abordables identiquement pour tous les individus. Elle devra aussi mieux reconnaître le travail des proches.
Pour les auteurs, ces dépenses sociales supplémentaires doivent être considérées comme des investissements favorisant la compatibilité entre la vie professionnelle, la vie de famille et la prise en charge par les proches. Ces dépenses contribuent à éviter des admissions trop précoces au sein des établissements stationnaires.
Un intéressant graphique montre le modèle des phases de la prise en charge qui s’imbriquent au fil du temps, avec de nombreuses interactions.
Cette recherche mandatée par la Fondation Paul Schiller a été dirigée par le professeur Carlo Knöpfel de la Haute école spécialisée de la Suisse du Nord-Ouest. Elle a fait l’objet d’un livre en allemand, 2018, 244 pages, paru aux Editions Seismo.
Le rapport du Conseil fédéral dresse un état des lieux de la prévention et de la lutte contre la pauvreté en Suisse. Il rappelle que la pauvreté concerne 615’000 personnes en Suisse, dont 108’000 enfants. Ses manifestations et ses causes sont multiples.
Pour être efficace, la prévention doit intervenir sur plusieurs fronts, dans plusieurs politiques sectorielles. Le Programme national a donné la priorité à trois champs d’action : les chances de formation de l’enfance à l’âge adulte, l’intégration sociale et professionnelle et les conditions de vie. Il a produit 16 études scientifiques, desquelles ont été tirés sept guides pour la pratique. Il a fourni un soutien financier à 27 projets contribuant à améliorer les chances de formation.
Le rapport identifie les domaines dans lesquels il reste des efforts à faire. Il arrive à la conclusion qu’une meilleure coordination des mesures à tous les niveaux reste essentielle. La prévention de la pauvreté doit être abordée comme une tâche transversale et nécessite, par conséquent, une bonne mise en réseau et des échanges permanents entre les acteurs.
Le Conseil fédéral estime donc que la Confédération doit continuer pour les cinq prochaines années à exercer son rôle de soutien et de coordination. Il a prévu un montant total de 2.5 millions pour les cinq prochaines années. La première phase de 5 ans avait représenté un investissement de 9 millions.
Cet ouvrage entend mettre en lumière les enjeux et les controverses associés à la création d’un doctorat de travail social.
À l’échelle mondiale, le doctorat est souvent signe d’une compétence scientifique reconnue, mais aussi d’une expertise professionnelle dont le docteur incarne le plus haut niveau de la « profession ».
Les usages sociaux (académiques et professionnels) des titres doctoraux varient selon les contextes nationaux, les champs disciplinaires et leur inscription dans la société. En France, par exemple, le travail social ne fait pas l’objet d’une discipline, son enseignement étant principalement dispensé en dehors des universités ou des grandes écoles. En Europe, les transformations des dispositifs institutionnels de formation des métiers du travail social et des niveaux de titre qu’elles décernent dans le processus LMD (licence, master, doctorat), sont des laboratoires d’études particulièrement féconds pour saisir les enjeux qui sont en train de se façonner sous nos yeux.
En réunissant des contributions venues de sept pays (Belgique, France, Italie, Liban, Portugal, Royaume-Uni et Suisse), cet ouvrage propose une approche scientifique plurielle concernant l’émergence et la réception du doctorat en travail social dans ces pays et entend interroger les « défis » liés à sa création afin d’en cerner les obstacles et les limites.
Ce livre s’adresse aux étudiants en travail social, enseignants, chercheurs et formateurs ainsi qu’à tout professionnel qui œuvre dans le domaine du social et du médico-social.
Direction de l'ouvrage:
Ont également collaboré à cet ouvrage: P. Álvarès-Pérez, M. I. Amaro, C. Bolzman, A. Campanini, A. Carotenuto-Garot, J. Coquoz, L. Dominelli, L. Farcy-Callon, J. M. L. Ferreira, L. Gibey, T. Glarner, M. Hély, M. Jaeger, M. João Pena, E. Jovelin, W. Liman, G.-N. Pasquet, M. Tannous Jomaa et N. Zeghmar.
En Suisse, la figure d’un «retraité méritant» en marge de la vie économique dominait les représentations de la vieillesse après-guerre. À l’inverse, aujourd’hui, l’image d’un «senior actif» est valorisée: une personne qui, malgré son âge avancé, contribue par son travail à limiter les coûts attribués au vieillissement démographique.
Comment s’est opérée cette transformation? Pour répondre à cette question, l’ouvrage explore la façon dont les débats qui ont porté sur l’élaboration puis les réformes de la politique sociale de la vieillesse en Suisse ont façonné ces figures. Il s’intéresse également au rôle que les scientifiques ont joué dans ce processus en contribuant à légitimer certaines représentations plutôt que d’autres.
Le regard adopté est sociologique. Il met en lumière la morale que diffusent les figures de la vieillesse, indiquant aux individus le comportement à adopter pour bien vieillir.
Lire aussi: Marion Repetti, «Vivre sa retraite au soleil. Loin des nuages?» REISO, 9 mars 2017.
Le sexuel est-il affaire d’instinct ou d’apprentissage, de physiologie ou de psychologie, trait individuel ou social ? Où se logent les fonctions et les capacités sexuelles, comment les décrire et les soigner ? Le désir sexuel peut-il être matérialisé, sa physiologie décrite ? S'apparente-t-il à une quête de récompenses ? Dévoile-t-il l'identité profonde des sujets ? Sa nature et son expression diffèrent-elles chez les hommes et les femmes, les hétérosexuelles et les lesbiennes ?
Cet ouvrage s’intéresse aux discours savants sur la sexualité féminine, à leurs grammaires leurs motifs récurrents et leurs contradictions, aux imaginaires sociaux qu’ils ouvrent, aux conceptions du sexe et de la sexualité qu’ils promeuvent. Il rend compte des programmes mobilisés au cours d’un long XXe siècle, de la psychanalyse aux neurosciences, pour la déchiffrer et soigner ses troubles. Il est aussi attentif aux savoirs profanes sur le sexe et à la manière dont les individus s’approprient ces connaissances pour donner sens à leurs conduites sexuelles.
Réunissant des recherches inédites produites par des historiennes, anthropologues, sociologues, psychologues, spécialistes de l’étude sociale des sciences et des études de genre, cet ouvrage propose un panorama large des enjeux médicaux, sociaux et politiques que la question « du désir des femmes » pose aux sociétés occidentales contemporaines.
Cet ouvrage revisite la «question carcérale» en décortiquant ses enjeux contemporains. En Suisse comme en Europe, la délinquance juvénile attise les sensibilités publiques et nourrit les discours sécuritaires. Parallèlement, les mineur·e·s sont progressivement reconnus comme des sujets de droit, dont il faut protéger l’intégrité physique et morale. Ce contexte politique et moral contraint les institutions d’enfermement à garantir plus de « dignité » dans la vie quotidienne des jeunes (réduction des temps d’encellulement, prise en charge pluridisciplinaire), tout en imposant davantage de «fermeté» (renforcement des aménagements sécuritaires, sanctions disciplinaires). Au ommaire :
Introduction. Les centres éducatifs fermés, entre sécurisation et humanisation
Conclusion. L’éducatif sous contrainte, laboratoire d’une nouvelle économie morale de l’enfermement?
Arnaud Frauenfelder, sociologue, est professeur ordinaire à la Haute école de travail social (HETS) de Genève et responsable du Centre de recherche sociale (CERES).
Eva Nada, doctorante en sociologie, est adjointe scientifique à la HETS de Genève et chercheuse associée à l’Institut de sociologie (UNINE).
Géraldine Bugnon, docteure en sociologie, est adjointe scientifique à la HETS de Genève, chercheuse associée au Centre romand de recherche en criminologie (UNINE) et à l’Institut de recherches sociologiques (UNIGE).
Avec un débat dimanche 29 avril 2018 au Salon du Livre
Nous espérons tous être une personne unique aux yeux de notre médecin. En général, il sait adapter le traitement en fonction de chacun de ses patients. Alors, pourquoi la «santé personnalisée» représente-t-elle une révolution ?
La médecine personnalisée se base sur un immense répertoire planétaire de données biologiques et génétiques qui sont analysées avec des instruments extrêmement précis. Lorsqu’une maladie apparaît, elle va s’exprimer de mille et une manières singulières en fonction de la biologie et des gènes de chaque individu. Toutes ces informations sont recueillies dans des banques de données qui identifient et classifient ces variations. Les résultats des analyses permettent ensuite de proposer un traitement mieux adapté aux singularités biologiques et génétiques de chaque patient.
Cette masse d’informations ne se borne pas à étudier l’effet des traitements sur les patients. Elle ouvre aussi la voie à la médecine «prédictive» en détectant les débuts de maladie ou les facteurs de risque avant même les premiers signes cliniques ou les premières douleurs.
Le magazine Pulsations N°5-2018, des Hôpitaux universitaires de Genève, a consacré un dossier clair et synthétique à la santé personnalisée. Ces huit pages ont été préparées par Michael Balavoine, Stéphany Gardier, André Koller, Raphaëlle Maruchitch. En Suisse romande, une nouvelle plateforme internet est dédiée à la santé personnalisée avec la collaboration de nombreux experts et expertes du domaine: Santé Personnalisée et Société.
Lorsqu’une plainte est déposée pour abus sexuel ou viol, la parole de l’un et la parole de l’autre se confrontent. Il est rare que le non-consentement soit établi, plus rare encore que le viol soit reconnu.
Dans l’émission Forum sur RTS, Myrian Carbajal a introduit la notion de redevabilité. Au-delà de la question de l’âge de la majorité sexuelle (fixée à 16 ans en Suisse), la chercheuse, co-auteure de la recherche «Sexe, relations... et toi?» et professeure à la Haute école de travail social de Fribourg, estime en effet que la question de fond est celle de la définition du «consentement sexuel». Cette question exige des réponses plus complexes qu’un simple oui ou non car différentes motivations interviennent pour «consentir» à une relation. Ce verbe signifie d’ailleurs approuver, acquiescer, mais aussi concéder, se résigner. Il appartient donc au juge de tenir compte de l’environnement, des particularités des comportements sexuels des jeunes, des pressions sociales et des normes de genre qui influencent ces comportements.
La logique de la redevabilité est souvent à l’œuvre : une personne se sent redevable d’une autre parce qu’elle lui a offert une sortie en discothèque, un cadeau, un refuge dans une situation difficile, une écoute attentive lors d’un moment de doute ou de dépression. Cette redevabilité est étroitement liée aux normes de genre qui font que les jeunes hommes et les jeunes femmes n’ont pas la même place, les mêmes rôles ni les mêmes attentes concernant la sexualité.
Ces déséquilibres, souligne Myrian Carbajal, existent jusque dans les campagnes de prévention contre les violences sexuelles. Les affiches s’adressent uniquement aux femmes qui sont encouragées à être «responsables» et à dire non quand elles ne souhaitent pas une relation sexuelle. Cette injonction à la responsabilité concerne pourtant tout autant les hommes, grands absents de la prévention.
Au final, au lieu de décider si il y a eu «consentement» et si il y a eu «contrainte», il s’agirait pour les juges d’apprendre à décliner les réponses sur une échelle de la redevabilité avec une série d’échelons entre le «oui» et le «non».
Cette notion de redevabilité complète celle des rapports de pouvoir que les juges devraient aussi soigneusement investiguer dans les situations qui opposent un professeur et son élève, un chef et son employée, un directeur et une femme de ménage, un producteur de cinéma et une actrice.
Marylou Rey, rédactrice en chef de REISO
Ce deuxième numéro du Journal de la recherche de la HETS Fribourg met la focale sur le pôle « Handicaps, vulnérabilités et pouvoir d’agir », pôle historique de l’école.
Le spectre de l’autisme fait l’objet d’une attention particulière. La HETS-FR a contribué en 2017 à la sensibilisation des terrains par des conférences, interventions et formations continues destinées à des professionnel-le-s évoluant dans divers contextes en Suisse romande (notamment service de psychologie scolaire, entreprises d’intégration professionnelle, structures résidentielles, scolaires et éducatives).
La question de l’orientation et de l’insertion professionnelle dans des contextes inclusifs va être particulièrement développée en 2018, avec un colloque le 18 juin 2018 réunissant des conférencier-ère-s internationaux/ales et des professionnel-le-s de toute la Suisse, présentation. L’objectif sera de mettre en évidence ce qui facilite l’insertion et le maintien dans l’emploi des adolescent-e-s et adultes sur le spectre (y compris syndrome d’Asperger). Des expériences innovantes et des dispositifs soutenant les projets professionnels des personnes visant un emploi en milieu ordinaire seront présentés et discutés.
Le Journal de la recherche présente également les recherches sur l’autodétermination des personnes avec une déficience intellectuelle et sur les parents migrants d’enfants avec handicap. Il est complété par la liste bibliographique des publications, rapports et communications des collaborateur·trice·s.
Les dépenses de l’aide sociale au sens strict – appelée aussi aide sociale économique – ont progressé en 2016 de 3,9% en termes nominaux pour atteindre 2,7 milliards de francs.
Evolution sur trois ans. La hausse avait été de 2,1% en 2015 et de 5,6% en 2014. L’accroissement des dépenses est dû, comme l’année précédente, en partie à l’évolution du nombre de personnes assistées. Les dépenses se sont élevées à 9961 francs par bénéficiaire en moyenne, soit une augmentation de 1% par rapport à 2015.
Prestations sociales globales. Par rapport aux dépenses totales de toutes les prestations sociales, qui se montaient en 2015 à 162 milliards de francs selon les Comptes globaux de la protection sociale (CGPS), l’aide sociale au sens strict représentait une part de 1,7%.
Aide sociale au sens large. La Confédération, les cantons et les communes ont dépensé 8,2 milliards de francs pour l’aide sociale au sens large, dont 59,9% (4,9 milliards de francs) pour les prestations complémentaires à l'AVS et à l'AI et un tiers pour l'aide sociale au sens strict. Le reste des prestations de l’aide sociale au sens large (aides aux personnes âgées ou invalides, aides aux chômeurs, aides à la famille, avances sur pensions alimentaires et aides au logement) ne représentaient ensemble que 6,8% des dépenses. Ce groupe de prestations n'est pas octroyé dans tous les cantons, et il arrive certaines années que des prestations nouvelles soient introduites ou que des prestations existantes soient supprimées.
Parts des contributions financières. En 2016, 44,6% des dépenses de l’aide sociale au sens large ont été financées par les cantons, 36,8% par les communes et 17,9% par la Confédération.
Directeur des EMS de Lancy, Laurent Beausoleil écrit : «Au nom d’une prise en charge efficace, nous dérivons parfois dans une institutionnalisation excessive des personnes et nous les isolons dans un environnement stigmatisant.» Ce constat est un des moteurs du projet ADRET à Lancy présenté dans ce livre.
«Nous voulons permettre aux personnes de tout âge de ne pas (plus) vivre en ghetto, en encourageant les interactions sociales, notamment intergénérationnelles», précise Maria Bernasconi, présidente de la Fondation communale pour le logement de personnes âgées (FCLPA) qui conduit le projet. «En consacrant un certain temps aux personnes âgées, sur le principe ‘1m2 d’espace pour une heure de soutien par mois’, les jeunes obtiennent un logement à prix réduit.»
Convaincu qu’une société solidaire et conviviale exige d’autres manières de cohabiter, le projet ADRET veut développer des activités et des échanges intergénérationnels : une chèche, un restaurant, un salon lavoir, des locaux d’activités socioculturelles, l’accès aux transports publics et aux services et commerces de proximité. Les structures sont conçues pour évoluer en fonction des désirs et de l’état de santé des locataires.
Ce livre expose les enjeux liés à l’entrée dans la société de longue vie, à l’accroissement du nombre de personnes en situation de retraite et qui vivront encore longtemps une vie active ainsi qu’à l’importance avérée de la qualité des relations entre les générations, d’une manière plus générale à la promotion des solidarités sociales en milieu urbain. L’ouvrage présente également les principes innovants de ces 150 logements et les instruments prévus pour envisager son fonctionnement.
L’Université de Fribourg a analysé les interventions du Centre d’écoute et d’assistance KESCHA et recommande davantage de ressources, de médiations et d’interventions de crise de la part des Autorités de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA).
En une année, près de 1100 personnes concernées se sont tournées vers le Centre d’écoute et d’assistance KESCHA à la recherche d’un conseil juridique ou d’un soutien psychologique, soit près de 0.8% de toutes les mesures suivies par les APEA. En Suisse, 132 000 personnes sont concernées par des mesures de protection, dont 42 000 enfants et 90 000 adultes.
Selon l’évaluation, 59% des cas concernent la protection de l’enfant. Sur ce point, deux tiers des problèmes trouvent leur source dans les conflits entre les parents, et un quart des situations concernent un placement extrafamilial.
Les personnes ayant recours aux services ont souvent une confiance faible ou inexistante dans les institutions impliquées et ne se sentent pas suffisamment prises au sérieux dans leurs besoins et dans ceux de leurs proches. L’évaluation montre aussi que la perception négative qu’a le public des APEA (en particulier en Suisse alémanique) a des effets défavorables sur la collaboration.
L’enquête et l’évaluation des professeur·e Dominik Schöbi et Alexandra Jungo se conclut sur trois recommandations à l’attention des APEA, des curatelles, des cantons et des communes : attribuer davantage de ressources, permettre davantage de médiations dans les procédures et prévoir des postes d’intervention de crise pour les cas particulièrement compliqués et émotionnels.
La revue suisse de pédagogie spécialisée consacre son premier numéro 2018 à l’éducation précoce. Au sommaire du dossier :